Domaine de la Baronnie d'Anast
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 Missive du Languedoc

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Marguerite
Tétard
Tétard
Marguerite


Nombre de messages : 1
Date d'inscription : 03/07/2007

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MessageSujet: Missive du Languedoc   Missive du Languedoc Icon_minitimeMar 3 Juil 2007 - 23:54

Il était une fois, des cigales en Provence... Une rousse, une blonde, qui avait parlé chacune dans leur langue, et comprenant leur différence, adopté le français comme langue commune. Et l'une avait demandé à l'autre de lui écrire.
Et l'autre, après quelques semaines, l'avait fait.


    Cauvisson, ce deuxième de juillet de l'an d'Horace MCDLV

    Chère Driweg,

    Bonjour. J'ose espérer que vous ne me tiendrez pas rigueur de la familiarité avec laquelle je vous écris, ni du retard que j'ai pris pour commencer cette correspondance, qui durera, je l'espère. Un autre espoir, aussi, est que vous vous souveniez de moi... Je me permets de rappeler à votre bon souvenir notre rencontre à l'intronisation du Marquis des Alpes Occidentales.

    J'espère que votre voyage de noces s'est bien déroulé. Je suis quant à moi rentrée assez vite en Lengadòc, où mes charges comtales m'attendaient. J'ai fini mon service voilà quelques jours, et je m'apprêtais, épuisée que j'étais, et que je suis toujours, à rentrer en ma bonne ville de Cauvisson et me reposer ; mais Sa Grandeur LeGueux, mon Coms, m'a nommée sans préavis Vice-Chambellan de Lengadòc. J'aime ma province, et toujours je lui serai fidèle et oeuvrerai pour elle, mais... Il vient un moment où le corps et l'esprit ne suivent plus, et ont besoin de repos. A vous, puisque nous nous sommes dites amies, je puis le dire : en ces temps, la vie me pèse. Non que je songe à mourir, grand dieu ! Mais j'ai un sentiment étrange, que la mort toujours m'entoure, et me chagrine.

    J'ai perdu au moins sept cousins, dans l'incendie de leur hostel particulier, à Limoges. Je ne cesse de porter des deuils, et le blanc de mes robes m'inviterait à mourir aussi, à monter dans le Soleil - j'imagine !

    Enfin, je suis bien peu habile de vous parler de choses si morbides, dans ma première lettre. Je ne savais que dire d'autre, car sinon, je pourrais bien peu vous donner de mes nouvelles : je n'ai toujours aucune idée du mariage que je pourrais être amenée à contracter, et rien d'autre à dire que ma tristesse de savoir nos deux provinces toujours en tensions.
    J'ai été, voici quelques jours, élevée au rang de Vicomtesse par mon suzerain le Coms LeGueux. C'est un honneur qui me fut grand, et je ne sais si je dois l'attribuer à mes bons et loyaux services, à mon amitié très proche avec lui qui me fit officier son mariage secret - même si la cérémonie n'aboutit pas - ou aux deux. Sans doute est-ce cela, et je veux m'en convaincre.

    J'ai participé, cette semaine, à une mise en scène qui sans doute vous intriguera. Connaissez-vous les pas ? C'est une épreuve pour un chevalier, que mon filleul Cristòl de Sìarr, fils du très renommé en France baron de Saint-Félix Rekkared, a dû endurer. Il s'agit de garder un passage, et de jouter contre quiconque voudrait le franchir. La reconstitution que Cristòl nous a jouée a pris pour exemple le pas de Gauvoie, dans le Conte du Graal, dont il me plaît de vous fournir un extrait qui éclairera votre compréhension :

      Le chevalier tenant le Passage dénommé Gauvoie, dit à la jeune fille sans pitié :

      ---

      « Mon amie, voyez ce chevalier qui vient armé à notre rencontre. Dites-moi, le connaissez-vous ?
      - Non, lui dit la jeune fille, mais je sais bien que c'est lui qui hier m'amena par ici. »

      Et il lui répond :

      « Dieu me protège, c'est lui et personne d'autre que je cherchais. J'ai eu peur qu'il ne m'eût échappé, car il n'y a jamais eu en ce monde de chevalier ayant franchi les Passages de Gauvoie, si tant est que je le voie et que je le trouve devant moi, qui puisse ailleurs se vanter d'être revenu de ce pays. Lui aussi sera retenu prisonnier, dès lors que Dieu me laisse le voir. »

      Sans un mot de défi ni de menace, le chevalier s'élance aussitôt, piquant des deux, l'écu au bras. Monseigneur Gauvain se dirige vers lui et lui porte un tel coup qu'il le blesse grièvement au bras et au côté, mais la blessure n'est pas mortelle, car le haubert a si bien résisté que le fer n'a pu le traverser, sauf au flanc où il lui a enfoncé la pointe du sommet de sa lance. Il le renverse à terre. L'autre se relève et voit son sang, qui le fait souffir, jaillissant de son bras et de son côté, couler sur son haubert blanc. Il court pourtant sur lui l'épée à la main, mais il s'est épuisé en peu de temps, sans plus pouvoir se soutenir, il lui faut demander grâce. Monseigneur Gauvain reçoit sa parole, puis le remet au passeur, qui l'attendait. Cependant, la jeune fille mauvaise était descendue de son palefroi. Il est venu à elle et il la salua en lui disant :

      « Remontez, ma belle amie, je ne vous laisserai pas ici, mais je vous amènerai avec moi de l'autre côté de cette eau où je dois passer.
      - Hé là ! chevalier, fait-elle, vous vous faites bien hardi et orgueilleux ! Mais vous auriez eu fort à faire, si mon ami n'était brisé par d'anciennes blessures qu'il a reçues. Vos plaisanteries seraient vite tombées, vous n'auriez pas fait tant de boniments, mais vous seriez plus muet que si vous étiez échec et mat ! Mais avouez la vérité. Croyez-vous valoir mieux que lui, parce que vous l'avez abattu ? Il arrive souvent que le faible triomphe du fort ! »


    Il a plu au baron de Saint-Félix de me demander de jouer, dans cette mise en scène, le rôle de la mauvaise fille, qui encourage le gardien du pas et nargue les chevaliers venant le défier. Rien n'est plus éloigné de ce que je suis, toute baignée de vertus aristotéliciennes. Cet exercice me fut pourtant très agréable, même si dire de durs mots contre mon suzerain, le Coms, qui joutait contre mon filleul, me laissa un sentiment étrange.

    Je me sens faible, ce soir, et vais encore me faire doucement gronder par ma duègne - je ne parviens pas à la punir de s'opposer à moi - si je veille. Non que la veille la gène, mais elle viendra me voir, et constatera alors ma faiblesse et voudra que j'aille manger... Je préfère arrêter, et ne pas provoquer son arrivée et de telles injonctions de sa part. Je me sens toujours coupable à la pensée qu'elle aurait peut-être raison.

    Qu'Aristote vous garde,

    Marguerite de Volpilhat
        Missive du Languedoc Sceaumargotrougeff9


[HRP : La lettre étant datée du 2 juillet, je considère Margot vicomtesse, la cérémonie ayant lieu le 26 juin - même si HRP elle n'a pas encore été achevée.]
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