Driweg trottinait dans les couloirs de son beau château, l'esprit ailleurs et Anton sur ses talons.
_ "Mademoi... Madame ! Je vous en prie, les personnes de nobles lignages ne doivent pas courir."
La jeune femme éclata de rire. Se retournant vers son valet géant, elle demanda :
_ "Que font-ils alors lorsqu'ils sont poursuivis ? Ils tirent l'épée ? Celle que m'a offert Monsieur mon mari est très belle mais trop lourde pour moi. Voyez, je ne peux plus que courir."
_ "Mais... personne ne vous poursuit."
_ "Comment appelles-tu alors la course dans laquelle tu t'es lancé pour me persuader de retourner dans mon bureau travailler ?"
_ "Que Mademoi... euh... Madame la Baronne me pardonne, mais je fais cela pour votre bien. Si vous ne travaillez pas le jour, vous êtes contrainte de le faire la nuit et, comme il est indécent de dormir après le chant du coq, vous êtes toute fatiguée."
La dernière des Brocéliande adressa un sourire lourd de gratitude à son serviteur. Il était pour elle comme un père et une mère à la fois. Heureusement qu'il était là. Depuis qu'Amalric de Brocéliande avait repris des fonctions aurpès du duché, il ne s'occupait plus de sa fille et cela la rendait très triste.
Ses réflexions furent interrompues par l'arrivée une femme de chambre :
_ "Pardonnez-moi Madame, mais une femme demande à voir votre majordome."
Driweg hocha la tête et fit un petit signe de la main pour congédier Anton. Ce dernier maudit rebroussa chemin, visiblement ennuyé.
La jeune femme continua à trottiner au hasard des couloirs. Elle espérait toujours secrètement tomber nez à nez avec une porte qu'elle n'avait jamais poussé.
Soudain, une délicieuse odeur lui saisit les narines. De toutes évidences, on faisait de la tarte dans ses cuisines. La gourmande suivit la piste du fumet jusqu'à une grosse porte de bois entrebaillée. N'y tenant plus, elle poussa le battant et tomba nez à nez... avec sa Môman.